mercredi 2 février 2011

De la naissance d'une vie politique dans un pays.



Le samedi 29 janvier, évènement quasiment historique, notre premier meeting politique en Tunisie. Nous avons pris nos cliques, nos claques et nos clopes pour assister au Meeting organisé par le PDP ( Parti Démocratique Progressiste ) à la Coupole de Menzah. Voici donc un petit compte rendu agrémenté des indispensables critiques qui vont avec :

Arrivée vers 13h45 en plein milieu d'un concert de rap, premier choc visuel du jaune et des drapeaux tunisiens partout, on se croirait à Bab Souika quand l'Espérance gagne. Il est compréhensible que les parties aient leurs couleurs mais il ne faut pas qu'on nous la fasse manger comme une sorte de message subliminal violent. Il y avait en bas six ou sept personnes qui ont passé tout le meeting à faire virevolter des drapeaux jaunes avec des drapeaux tunisiens, ça faisait très PomPom Girl, à la fois ridicule, inutile et réveillant des souvenirs douloureux du RCD. Il y avait aussi un monsieur en bas, qui avait un agissement des plus étranges: il envoyé des signaux à certaines personnes dans la foule pour les faire chanter et applaudir, ce qui peut nous amener à penser que des gens étaient placés pour exciter la foule, dont le monsieur derrière nous.
Les rappeurs chantaient à la mémoire des martyrs.

Puis, est arrivé El Général, le rappeur qui s'était fait emprisonné après la diffusion de sa chanson sur Ben Ali. Il a chanté quelques chansons dont une, qui a particulièrement attiré notre attention, son refrain n'étant rien d'autre que « Allahou Akbar ». Ça a refroidi pas mal de gens, qu'ils soient croyants ou laïcs: D'un côté on utilise la religion dans le rap ce qui n'est pas respectueux de la religion, et ça avait (mais c'est un avis personnel) quelque chose de vengeur. On a aussi accroché une bannière jaune sur l'artiste, comme si on voulait l'associer au parti, alors qu'on aurait très bien pu lui accrocher le drapeau tunisien.

Ensuite, Maya Jribi, présidente du PDP a pris la parole: Elle a rendu un long hommage aux martyrs, aux jeunes, au peuple, le complimentant sur son héroïsme et sa bravoure. Ceci est bien sûr normal, mais il ne faut pas que nous oublions que nous nous sommes tut 23 années durant, acceptant l'inacceptable dans le silence. Il ne faut pas que les gens croient qu'avec cette révolution, les gens oublient leur mutisme. Car oublier le mutisme, c'est lui donner une chance de revenir sous une autre forme. Madame Jribi est assez charismatique, elle a énuméré beaucoup d'injustices et a beaucoup insisté sur le rôle de nos régions déshérités dans cette révolution. Elle a demandé aux gens de voter afin que le choix soit vraiment représentatif du l'opinion du peuple.

Puis est venu le tour de Monsieur Néjib Chébbi, qui a commencé son allocution en nous annonçant que le régime Moubarak n'en avait plus que pour quelques heures et que la mère de Mohamed Bouazizi avait effectué le déplacement. Il a ensuite expliqué la présence de son parti au sein du gouvernement qu'il a longuement défendu: Il a énuméré les mesures prises par ce gouvernement en moins d'un vingtaine de jours: Libération des prisonniers politiques; obtention par certains parties de l'autorisation d'exister, liberté des médias, déblocage d'un demi milliard de dinars pour venir en aide aux personnes victimes de la violence qui a ébranlé notre pays ces dernières semaines. Et il a aussi annoncé la mise en place de 7 (AAAH !) projets de développement dans les régions du Sud, mais il n'a pas précisé dans quel secteurs. Il a enfin demandé au peuple de jouer son rôle d'observateur et de juge, afin de maintenir la pression sur le gouvernement.
Il n'a pas du tout parler de son parti ou de son programme électoral, ce qui montre que pour le moment les élections ne sont pas la priorité absolue.

Enfin, la parole a été donnée à la mère de Mohammed Bouazizi, mais à part les gens se sont mis à hurler et on a pas entendu grand chose. Elle a dit que les gens de Sidi Bouzid étaient des tunisiens comme les autres et qu'il fallait leur donner la même chance que celle qu'on offre au tunisois, aux sfaxiens ou autres, c'est à dire un lieu de vie digne ou l'emploi est accessible.

Dernier point à discuter: Les réflexes très ancien régime qui persistent, beaucoup de gens applaudissent à chaque fin de phrase, comme chez les mauves. Si nous voulons que cette démocratie se fasse, il faudra deux choses: Savoir écouter et savoir prendre du recul et critiquer, ne pas tout avaler cru et être capable de relever des faiblesses.
Il serait aussi bien que l'effort soit fait du coté des partis et qu'ils arrêtent d'utiliser les méthodes manipulatrices du RCD (la couleur, les Pom-pom girls, l'exaltation des martyrs en ramenant même des parents des jeunes tués ce qui est à notre gout très malsain.)
Le PDP à en somme était un peu décevant dans la forme car l'utilisation des techniques des mauves montre encore qu'il était dans la manipulation sans avoir compris que le tunisien n'est plus dupe (après 23 ans de propagande plus rien ne nous échappe !) et surtout que le tunisien veut des changements, des reformes, du concret quoi.

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