samedi 19 mars 2011

Pensons gauche.


Il est bien utile de critiquer, mais aujourd'hui nous pouvons et nous devons proposer, pour que demain la Tunisie qui verra le jour soit notre fruit et non l'idée d'un penseur isolée, ou même celle de la classe politique: Cette révolution avait aussi pour but que le peuple se réapproprie son pays et puisse participer activement aux décisions. Cela inclut évidemment voter mais allons plus loin et proposons un projet politique concret, certes pas très original mais qui aura le mérite d'être proposé sous un angle tunisien et non comme une importation TTC.

Je voudrais donc évoquer l'idée d'un Etat plus social en Tunisie mais avant d'en parler, parlons de ces 10 dernières années où le libéralisme à coup de privatisations et de crédits à la consommation s'est fait le meilleur allié de la dictature, et de l'indécrottable faim de la piètre famille régnante. Le règne de Ben Ali s'est caractérisé par une devise assez simple: « Consomme et tais-toi ». Et l'on voyait années après années les gens acheter voitures, maisons, bouffe, sans que cela ne les rende heureux, qu'ils étaient toujours plus agressifs, plus malheureux et plus vides. On voyait des hordes de gens allait à Carrefour remplir un chariot qui à lui seul résumait leur identité sociale. A l'ère de la médiocrité trabelsienne qui exhibaient leurs richesses de manière si rustre et vulgaire, une bonne partie du peuple s'est mis à vouloir les imiter: Ils s'endettaient jusqu'à la moelle pour le plaisir de s'exhiber au Calypso ou d'acheter une belle voiture que jalousera le voisin. 
Tout cela grâce au miracle du crédit à la consommation qui nous a donné l'illusion que notre niveau de vie augmentaient, alors que nos salaires stagnaient, se gonflant au gré de l'inflation. Mais le libéralisme n'est pas seulement un problème économique, c'est un problème social, chacun veut s'enrichir avec hargne au dépend de son prochain et ceux par tous les moyens, et cela inclut la corruption. La fin justifie les moyens, ce n'est que l'adage éternel du capitalisme. L'avidité rampante qui gangrénait la société tunisienne a trouvé sa justification dans la quête de la richesse, qui s'étalait sous nos yeux à coup de Hummer, de Rolex et autres déguisement pour nouveau riche.

Le libéralisme, c'etait aussi le silence assourdissant des syndicats, des conditions de travail indignes, des CDD à la pèle, de la flexibilité en veux tu en voilà. Ces drames humains que l'on voit aujourd'hui et que la plupart d'entre nous ignorions, ne sont que les tristes conséquences d'une politique de l'emploi hasardeuse laissant les mains libres aux entrepreneurs véreux et cupides. Aujourd'hui, cette terrible gestion, combinée au chômage explique l'explosion de l'économie parallèle et le sur-effectif d'un secteur public qui semble être le garant le plus fiable de condition de travail dignes.

Voilà à quoi se résumait le libéralisme en Tunisie, un libéralisme sans liberté, privilégiant une minorité de médiocres sans mérite, aveugle à la pauvreté qui gonflait et à l'effritement de la classe moyenne. Alors aujourd'hui, il est peu être temps de penser plus à gauche, après tout nous voulions la dignité, et le capitalisme exclut la dignité, laisse les pauvres mourir de faim car leur place n'est pas dans la société de la productivité et de la consommation, de l'argent et de l'individu roi.


lundi 14 mars 2011

Les Tunisiens s'indignent.


Soixante ans après la rédaction de la Déclaration des Droits de l'Homme après la Libération, voici que la Tunisie a l'honneur de recevoir des monuments de la lutte pour la liberté et la dignité.
Le 12 Mars 2011, nous avons eu l'occasion d'assister à un colloque de grands hommes.
Youssef Seddik, philosophe et anthropologue tunisien, Jean Daniel, militant et fondateur du Nouvel Observateur et Stephane Hessel, diplomate et militant de 1ère heure qui propagea une vague d'idéalisme révolutionnaire à travers le monde grâce à son manifeste Indignez-vous, étaient rassemblés pour débattre sur l'avenir de la Tunisie libre.

Cette conférence eut lieu à l'hôtel Sheraton, qui a acceuilli plus de 1000 intéressés, parmi lesquels le ministre de la Culture.
Le colloque débuta par quelques mots du philosophe et l'un des fondateurs de l'association AVERTI Youssef Seddik. Il évoqua notamment le poète Aboul Kacem El Chebbi, dont les vers, qui composent notre hymne nationale, ont donné courage et fermeté à plus d'un face à la répression.
Youssef Seddik a eu une phrase, « j'espère que le monde dira un jour nous sommes tous des arabes » comme le monde a pu dire "nous sommes tous des américains" lors du 11 septembre ou encore aujourd'hui "nous sommes tous des japonais". La mise en avant du fait que le monde se devait en cette période de boulversements intenses repenser ses approches face à l'autre, et que c'était le moment ou jamais pour que l'universalité prime sur le particulier, montre que maintenant plus que jamais l'image que l'Occident se fait des "arabes" peut évoluer. 
Puis nous avons l'immense plaisir de pouvoir entendre M. Stephane Hessel dont la vie et les combats inspirent et inspireront encore les générations qui suivent.
Il a préconisé la vigilance comme mot d’ordre pour poursuivre a bien notre révolution.
« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. » (1er article de la Déclaration universelle des droits de l’homme) a-t-il rappelé en ajoutant que la Tunisie se devait d'agir suivant cette affirmation. Cet article  formulé il y a déjà 60 ans n'aura jamais été aussi essentiel, en ces jours où du Maroc au Yémen, des hommes se battent et parfois meurent pour leur liberté et leur dignité. En fournissant la preuve que les révolutions sont encore possibles,  la Tunisie doit avoir à coeur que cet article reprenne tout son sens.

Puis lui a succédé, M. Jean Daniel avec une intervention succinte :  "il faut construire au lieu de contester sans donner d'autres solutions". Il a également tenu a faire un hommage au philosophe Arkoun qui disait que les arabes étaient les précurseurs de la démocratie et que c'était donc naturel que ce soit eux qui la reprennent.

Raja Ben Ammar, comédienne et metteur en scène tunisienne, a ensuite explicité dans une intervention le lien entre le corps et la révolution et de manière plus précise, la relation entre corps et conscience. Elle a parlé du corps malade à cause du voile, de la chape de la dictature qui nous empêchait de voir la realité comme si « les portes de la perception étaient fermées. »
Elle a longuement insisté sur la censure omniprésente dans le monde du théâtre aussi bien dans les troupes étatiques que les troupes soit-disants « indépendantes »  et du fait que lorsque l’on pouvait plus parler, il y avait un certain retour au corps qui était devenu le seul  moyen de s’exprimer sans éveiller les soupçons, de dire ce que l’on ne peut dire avec des mots. Elle nous a rappelé la triste propagande que nous avons subi pendant 23 ans, avec des médias qui montraient un corps heureux et productif. Enfin, elle conclua son intervention avec "les corps de la révolution" qui ont investi la rue, l’espace en faisant allusion aux vidéos d’une femme qui criait « On l’a gagnée ! » ou d’un homme, seul sur l’avenue Habib Bourguiba, qui hurlait, ivre de joie, sa gratitude au ciel.

La parole a ensuite été donnée à M.Youssef Essid qui a exposé une théorie sur  l’ordre et le  désordre au cours d'une révolution. A vrai dire, il a surtout fait un résumé de l’avant et de l’après révolution. Il a pris l’idée de l’effet papillon ou comment un geste solitaire pouvait provoquer un cataclysme et surtout comment l’absence de tradition démocratique pouvait provoquer un vide politique car il n’y a jamais eu d’opposition à Bourguiba ou Ben Ali. A vrai dire, si un parti, un groupe ou même un leader aurait aidé à renversé le régime, il aurait récupéré la révolution et on aurait surtout assisté a un 7 Novembre bis, alors, peut être bien que l’anonymat de ce mouvement est plus positif qu’autre chose.
Ca lui va bien , la chachia.
L’historien a fait une longue description du système-mauve où il n’y avait aucune place pour le désordre ou l’imprévisible d’où l’incapacité de ZABA à répondre aux attentes du peuple. La « paix sociale » n’était assurée que par la contrainte et l’étouffement de la contestation. Il ne faudrait pas oublier que la liberté politique a un coût et qu’il faut savoir l’assumer car c’est le seul moyen de pouvoir ensuite bâtir un système équitable et démocratique. (A méditer pour la majorité silencieuse). Mettons donc « l’imagination au pouvoir ».

La partie qui fut sans doute la plus intéressante fut l’échange entre les conférenciers et les personnes venues au colloque, au moyen de questions qui permet réellement d’avoir un débat et de confronter les avis.
Est-ce que l'hégémonie américaine et israélienne permettront à un petit pays comme la Tunisie d'établir et de vivre sa démocratie tranquillement ? L'opposition (à prendre avec des pincettes) Kasbah/ Kobba pourrait-elle être considérée comme une illustration de la lutte des classes ? Que représente réellement l'islamisme en terme de risques?
Les révolutions arabes permettront-elles de faire renaître la langue arabe, longtemps jetée aux oubliettes ?
En faisant un parallèle avec la montée relative de l'extrême droite en France, peut-on toujours dire de la démocratie qu'elle reste le meilleure modèle politique à appliquer ? Une effusion de doutes, de curiosité et d'inquiétudes.
Il se trouve que "les israéliens ont peur des arabes, car ils  risqueraient de  tout perdre", dixit M. Hessel. Le mouvement révolutionnaire ne risque donc pas de toucher la jeunesse israelienne, du moins pas de manière effective. Et puis, ces saletés de lobbies. "Netanyahou dégage!" renchérit-il.
Après le Mauve, la Tunisie se retrouve en effet confrontée à d'autres forces occultes, l'Oncle Sam et Cie par exemple. A cela on nous répond que malgré le rapport de force, la Tunisie doit apprendre à préserver son autonomie, elle doit traiter d'égal à égal avec les Etats-Unis et l'UE et se dispenser de leur aide. Il ne faut pas être submergé par les modèles démocratiques américains et européens, mais chercher plus loin, comme en Amérique latine par exemple, cette zone du monde qui tente de se forger sa propre identité politique. Il faut donner un nouveau sens fort et digne à la démocratie, car il est bel et bien le meilleur système à appliquer. Mais on pourrait sans doute davantage l'améliorer : la démocratie devrait être participative, par exemple.
Et en démocratie, même les personnes voulant réduire le taux de chômage en abolissant le travail des femmes, les xénophobes invetérés, en somme les gens qui veulent nous faire vivre -86758 avant Mahomet, peuvent participer à la vie politique. "On ne peut pas faire de procès d'intention à quelqu'un" explique Seddik "tant qu'il n'a pas agit, on ne peut rien faire. Et  s'il agit, il n'y aura à ce moment la que la loi pour punir." C'est dans les urnes qu'il faut se battre. Et il ne faut pas espérer que l'islamisme soit loin derrière nous:  il faut rester vigilant et agir. S'engager.  La source de la pensée arabe se trouve dans la tranquillité et la générosité et il ne faut pas pas confondre cette idée de la pensée orientale avec les excès de certains qui se réclament de tradition arabe. (Wahabites, Al-Qaida) "Que des "ismes" n'entâchent pas les préceptes de base d'une religion qui se veut calme et tolérante."

Enfin, l'hypothèse de la représentation d'une lutte des classes fut partiellement essuyé par l'historien Yassine Essid qui émit des réserves sur la possibilité d'une analyse marxienne. Il expliqua néanmoins que selon lui c'était plutôt une tentative de la part de la bourgeoisie réfractaire et impatiente de retourner au train-train habituel, à la "normale". On est encore ici dans une démarche benaliste où toute forme de désordre est à proscrire. Une approche médiocre face à la grandeur de cette révolution, encore un automatisme peureux au service de la joie du capital.  "Cette majorité est estimée, ce n'est pas un concept net" ajouta-t-il. Il posa à son tour une question pertinente à l'audience, qui était celle de savoir vers quelle voie économique souhaitait s'engager la Tunisie : "allons-nous revenir au carcan du libéralisme?" 

Peut-être que : "L'instauration « d'une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l'éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l'économie ». L'intérêt général doit primer sur l'intérêt particulier, le juste partage des richesses crées par le monde du travail primer sur le pouvoir de l'argent." serait un bon conseil à suivre.

jeudi 3 mars 2011

Le grand pas de la Kasbah.

La "majorité silencieuse" ou le don d'autodérision. Dans le contexte de la révolution, cette expression aux allures mystérieuses dénote quelque chose d'assez singulier. (pour ne pas dire autre chose)
Premièrement, de quel droit s'autoproclamer majorité ? Et ce que j'aimerais savoir, surtout, c'est comment on fait pour s'autoproclamer majorité avant même de savoir combien de personnes s'entasseront dans la coupole ? Est-ce en procédant par soustraction : population tunisienne - manifestants de la Kasbah = majorité silencieuse ? Est-ce en avouant avoir été muet qu'on essaie de se racheter une légitimité ? Il est bien facile de se retrouver tous les jours de 17h à 19h à discutailler avec un énorme toit sur la tête pendant que d'autres couchent dehors.

De quel principe part-on pour dire que les personnes de la Kasbah ne représentent pas la majorité ? On va nous faire gober qu'il s'agit de la domination d'une majorité par une minorité ? N'inversons pas les rôles, la majorité de la Tunisie est représentée par les périphéries défavorisées et non pas par Tunis. Il ne faut pas se laisser berner par l'importance médiatique qu'ont pris les rassemblements de la Kobba, il ne faut pas stigmatiser la Kasbah. Abandonnez ces théories du complot, ces rumeurs facebookiennes, ces opinions superficielles. Allez sur place.


Il est aberrant de voir l'émergence de deux pôles antagonistes qui se traitent mutuellement de contre-révolutionnaires dans un contexte ou la cohésion sociale est plus que nécessaire. Est-ce que la Tunisie a besoin qu'on lui creuse d'autres clivages ? Et ma consternation lorsque je lis les descriptifs de certains de ces groupes où la protection contre un bouc-émissaire commun fait éloge de motif de rassemblement. Ne rentrez pas dans une logique de peur, les aspirations des tunisiens ne sont pas si divergentes que ça. A la Kasbah, il y a de tout. Et il y a des gens informés, qui savent ce qu'ils font aussi. On veut tous le redressement de l'économie, on veut tous obtenir ou maintenir nos postes, on veut tous la sécurité, on veut tous vivre dignement. Mais vas-t-on lâcher du leste au prix de quelques IDE (ndlr : investissements directs à l'étranger) ? Est-ce vraiment dans ce contexte qu'on va pouvoir reconstruire une économie saine alors que l'on a même pas déblayé la moitié des vestiges la dictature?
Comment serait-il possible de bâtir un nouveau pays avec les ruines de l’ancien régime ?


Il faut du neuf et de la patience.
Alors arrêtez d’aller pleurer devant la demeure de Ghannouchi, de vouer un culte à un homme qui ne le mérite pas. N’oubliez pas que Ghannouchi a eu sa chance et que pendant un mois, période il n’a quasiment rien fait si ce n’est protéger ces amis-corrompus (voir les déçus de La Kasbah). Rappelez vous que le 25 Février il y avait plus de 100 000 de personnes à vouloir le faire partir. Et surtout à moins d’être né après le 14 Janvier), n’oubliez pas qu’il a été le 1er ministre de ZABA-le-mauve pendant 11 ans.
Alors à ceux qui au bout de trois jours se plaignent de perdre leur petit confort, il serait judicieux de rappeler qu’on fait pas une révolution en deux temps, trois mouvements, et que la démocratie ne tombe pas du ciel. Et aux autres qui veulent tout d’un coup, comme si le 14 Janvier, nous avions soudainement découvert un trésor tombé du ciel, qu’ils n’oublient pas qu’en ces temps troubles l’intérêt du pays passe avant celui de leur petite personne.



Il ne devrait pas y avoir de Kobba ou de Kasbah, l’heure n’est pas venu aux divisions, aux « bourgeois qui se sentent opprimés par le prolétariat. » (Je cite ce que j’ai lu) ou la réciproque. L’heure est à la solidarité et au changement, et il est enfin temps que les négociations et les débats passent par la voie politique. Ce n’est pas parce qu’on est pas d’accord qu’on doit en venir aux manifestations, au sit-in mais il faudrait avant tout que le gouvernement écoute les revendications de ses citoyens. N’oublions pas que les sit-in de la Kasbah n’ont eu lieu que parce que les dirigeants faisaient la sourde oreille comme au temps de leur prédécesseur ZABA-le-mauve. Et surtout rappelons nous que ces sit-in ont fonctionné et aujourd'hui on peut enfin être assuré d'avoir une assemblée constituante et ainsi d'avoir effectué un grand pas vers la démocratie.



Si chacun prenait ses responsabilités, le vrai débat démocratique pourrait enfin s’installer. Alors que l’élite du pays émerge de son silence, que les hommes politiques se mettent enfin à agir pour leur pays ,que chaque classe arrête de dénigrer l’autre et surtout que chacun de nous arrête de penser à son intérêt personnel, à sa petite vie et que le patriote qui sommeille depuis plus de 23 ans se réveille enfin, parce que la Tunisie n’est ni le pays des gens de la Kasbah, ni celui des gens de la Kobba mais notre pays a tous.



L'histoire serait un éternel recommencement ? Je vous invite à faire un parallèle entre aujourd'hui et 1987. L'histoire ne prendra revanche sur-elle même que si le acteurs y sont propices.  
Par contre notre 14 Janvier, lui, doit rester un éternel recommencement.



NB : Les avis peuvent différer légèrement d'un article a un autre car nous sommes plusieurs personnes a s'occuper de ce blog. 

mercredi 2 mars 2011

Les Gardiens de la Révolution


Une question à poser: Bon Dieu mais qui est le « Conseil de Protection de la Révolution » ?
C'est une assemblée de 28 partis politiques et diverses associations qui se sont unis pour réclamer dissolutions et démissions et tout cela au nom du Peuple, qui a tout aussi peu été consulté pour la constitution de cette assemblée que pour celle du gouvernement. Ce qui pose problème, ce n'est pas le fait qu'ils réclament, ça c'est leur droit et même leur devoir. Ce qui est désagréable c'est que ce groupe impose ses vues à coup de sit-in et de grèves ce qui, en plus de paralyser une économie déjà fragile, donne envie de croire que ces gens représentent le peuple, alors qu'ils ne sont que ceux qui hurlent le plus fort. Ne serait-il pas plus judicieux de réclamer à coup de pétitions et de manifestations ? Faut vraiment qu'ils dorment dans la rue pour avoir une assemblée constituante ?

Et cette assemblée constituante, parlons-en: Chaque partie présente un juriste que le peuple devra élire pour faire partie de cette assemblée mais qui voulez-vous donc élire ? Nous connaissons à peine ces parties pour la simple et bonne raison que ces deux derniers mois,soit ils ont soit ressassé avec exaltation la révolte populaire sans présenter leur programme ou même leur idéologie, soit ils ont direct été dans la confrontation avec le gouvernement, sans pour autant prendre le temps de se présenter. Passons outre la difficulté, et admettons qu'on ait voté et que toutes les tendances soient représentés au sein de cette assemblée. Et après ? On va attendre gentillement que ces bonnes gens se mettent d'accord dans leur coin ? Et comment se mettre d'accord ? Présidentiel ou parlementaire ? Laïque ou Musulman ? Ça risque de prendre un temps surréaliste ! Ne serait-il pas plus pertinent si chaque partie politique proposez en plus de son programme une proposition de constitution et qu'on choisisse quel partie élire en fonction de cela ? Et qu'ensuite, on élabore une constitution qu'on soumettra à un referendum pour être bien sur et certain qu'elle fait l'unanimité ? Bien sûr que nous avons besoin d'une nouvelle constitution mais celle-ci doit être mûrement réfléchie et on n'aura pas le droit à l'erreur. Et pour cela, il ne faut rien d'autre que du temps et beaucoup de réflexion: Déjà le débat s'engage dans les journaux et peu à peu dans l'audiovisuel. Mais le choix doit être réfléchi, qu'on ne choisisse pas un régime parlementaire simplement en réaction de rejet de tout ce qui s'approche de près ou de loin de Ben Ali, et qu'on ne choisisse pas non plus le régime présidentiel sous prétexte que certains sont nostalgiques de l'idée de « guide » tel que l'incarna Bourguiba.

Mais pour en revenir au Conseil National de Protection De La Révolution, je suis fondamentalement contre ne serait-ce qu'à cause du nom assez folklorique, car non seulement ils s'érigent en gardiens de la Révolution sans la moindre consultation, mais ( et ceci est un avis strictement personnel et subjectif) les islamistes et les communistes semblent dire « C'est bon, bon peuple, on s'en occupe maintenant, on sais faire avec les révolutions ». Pourquoi protéger la Révolution ? Elle est en danger mais ce qu'il faut bien réaliser c'est que devant cette Révolution se dressent dix millions de tunisiens qui ne lâcheront plus jamais leur liberté et leur dignité. Nous ne nous laisserons plus jamais faire, plus jamais nos têtes seront baissées et plus jamais nous n'auront peur de nos gouvernants. Qu'ils écrivent leurs programmes, proposent des choses et nous proposent une véritable réflexion sur la Tunisie de demain. Que les parties politiques nous offrent un débat politique digne et enrichissant, car dire non et dégage à tout ne mènera à rien. Je ne veux pas faire ma rabat-joie capitaliste, et même si je considère que notre démocratie vaut mille fois plus que tous les IDE réunis, mais un pays du Sud a généralement du mal à combiner démocratie et pauvreté.

Enfin je voudrais lancer un appel à la tolérance: Que les gens de la Kasbah ne soient pas traités de miséreux manipulés et que les gens de la 9obba ne soient pas traité de 9nanou, traîtres et de matérialistes. Chacun est libre dans son opinion, la parole ne s'est pas libérée pour qu'aujourd'hui pour qu'on ne tolère que l'opinion qui nous arrange, alors soyez pas cons, soyez tolérants, vous verrez qu'on en sortira tous gagnants.


Nous peuple tunisien libre et souverain, ne pouvons accepter les tentatives de manipulation de la presse et désirons nous exprimer librement. Internet a été notre allié pendant la Révolution et le sera à l'aube de la démocratie. La jeunesse a un rôle déterminant dans la transition vers la démocratie et tient à montrer son attachement au dialogue et au débat.

Ce blog a comme vocation de profiter de notre liberté de parole fraîchement et chèrement acquise. Nous ne nous tairons pas, nous n’oublierons pas les sacrifiés pour que nous puissions redevenir des individus dignes. La période est charnière, il est nécessaire que le débat soit ouvert et actif. Nous voulons montrer que la jeunesse tunisienne peut être idéaliste mais réaliste, qu’elle veut chercher des vraies solutions et qu’elle a un vrai intérêt pour l’avenir de son pays.


Ce blog est un lieu d'échange démocratique et tolérant.