jeudi 3 mars 2011

Le grand pas de la Kasbah.

La "majorité silencieuse" ou le don d'autodérision. Dans le contexte de la révolution, cette expression aux allures mystérieuses dénote quelque chose d'assez singulier. (pour ne pas dire autre chose)
Premièrement, de quel droit s'autoproclamer majorité ? Et ce que j'aimerais savoir, surtout, c'est comment on fait pour s'autoproclamer majorité avant même de savoir combien de personnes s'entasseront dans la coupole ? Est-ce en procédant par soustraction : population tunisienne - manifestants de la Kasbah = majorité silencieuse ? Est-ce en avouant avoir été muet qu'on essaie de se racheter une légitimité ? Il est bien facile de se retrouver tous les jours de 17h à 19h à discutailler avec un énorme toit sur la tête pendant que d'autres couchent dehors.

De quel principe part-on pour dire que les personnes de la Kasbah ne représentent pas la majorité ? On va nous faire gober qu'il s'agit de la domination d'une majorité par une minorité ? N'inversons pas les rôles, la majorité de la Tunisie est représentée par les périphéries défavorisées et non pas par Tunis. Il ne faut pas se laisser berner par l'importance médiatique qu'ont pris les rassemblements de la Kobba, il ne faut pas stigmatiser la Kasbah. Abandonnez ces théories du complot, ces rumeurs facebookiennes, ces opinions superficielles. Allez sur place.


Il est aberrant de voir l'émergence de deux pôles antagonistes qui se traitent mutuellement de contre-révolutionnaires dans un contexte ou la cohésion sociale est plus que nécessaire. Est-ce que la Tunisie a besoin qu'on lui creuse d'autres clivages ? Et ma consternation lorsque je lis les descriptifs de certains de ces groupes où la protection contre un bouc-émissaire commun fait éloge de motif de rassemblement. Ne rentrez pas dans une logique de peur, les aspirations des tunisiens ne sont pas si divergentes que ça. A la Kasbah, il y a de tout. Et il y a des gens informés, qui savent ce qu'ils font aussi. On veut tous le redressement de l'économie, on veut tous obtenir ou maintenir nos postes, on veut tous la sécurité, on veut tous vivre dignement. Mais vas-t-on lâcher du leste au prix de quelques IDE (ndlr : investissements directs à l'étranger) ? Est-ce vraiment dans ce contexte qu'on va pouvoir reconstruire une économie saine alors que l'on a même pas déblayé la moitié des vestiges la dictature?
Comment serait-il possible de bâtir un nouveau pays avec les ruines de l’ancien régime ?


Il faut du neuf et de la patience.
Alors arrêtez d’aller pleurer devant la demeure de Ghannouchi, de vouer un culte à un homme qui ne le mérite pas. N’oubliez pas que Ghannouchi a eu sa chance et que pendant un mois, période il n’a quasiment rien fait si ce n’est protéger ces amis-corrompus (voir les déçus de La Kasbah). Rappelez vous que le 25 Février il y avait plus de 100 000 de personnes à vouloir le faire partir. Et surtout à moins d’être né après le 14 Janvier), n’oubliez pas qu’il a été le 1er ministre de ZABA-le-mauve pendant 11 ans.
Alors à ceux qui au bout de trois jours se plaignent de perdre leur petit confort, il serait judicieux de rappeler qu’on fait pas une révolution en deux temps, trois mouvements, et que la démocratie ne tombe pas du ciel. Et aux autres qui veulent tout d’un coup, comme si le 14 Janvier, nous avions soudainement découvert un trésor tombé du ciel, qu’ils n’oublient pas qu’en ces temps troubles l’intérêt du pays passe avant celui de leur petite personne.



Il ne devrait pas y avoir de Kobba ou de Kasbah, l’heure n’est pas venu aux divisions, aux « bourgeois qui se sentent opprimés par le prolétariat. » (Je cite ce que j’ai lu) ou la réciproque. L’heure est à la solidarité et au changement, et il est enfin temps que les négociations et les débats passent par la voie politique. Ce n’est pas parce qu’on est pas d’accord qu’on doit en venir aux manifestations, au sit-in mais il faudrait avant tout que le gouvernement écoute les revendications de ses citoyens. N’oublions pas que les sit-in de la Kasbah n’ont eu lieu que parce que les dirigeants faisaient la sourde oreille comme au temps de leur prédécesseur ZABA-le-mauve. Et surtout rappelons nous que ces sit-in ont fonctionné et aujourd'hui on peut enfin être assuré d'avoir une assemblée constituante et ainsi d'avoir effectué un grand pas vers la démocratie.



Si chacun prenait ses responsabilités, le vrai débat démocratique pourrait enfin s’installer. Alors que l’élite du pays émerge de son silence, que les hommes politiques se mettent enfin à agir pour leur pays ,que chaque classe arrête de dénigrer l’autre et surtout que chacun de nous arrête de penser à son intérêt personnel, à sa petite vie et que le patriote qui sommeille depuis plus de 23 ans se réveille enfin, parce que la Tunisie n’est ni le pays des gens de la Kasbah, ni celui des gens de la Kobba mais notre pays a tous.



L'histoire serait un éternel recommencement ? Je vous invite à faire un parallèle entre aujourd'hui et 1987. L'histoire ne prendra revanche sur-elle même que si le acteurs y sont propices.  
Par contre notre 14 Janvier, lui, doit rester un éternel recommencement.



NB : Les avis peuvent différer légèrement d'un article a un autre car nous sommes plusieurs personnes a s'occuper de ce blog. 

1 commentaire:

  1. 3000 pages vues (ou lues) et si peu de commentaires et de réactions. N'est-ce pas là un peu injuste pour ce blog de qualité ? Cela m'attriste, je dois dire mais le désir d'analyse et de réflexion des auteurs de ces pages, lui, me réjouit à tel point que ma pointe de tristesse en est éclipsée.

    Cette jeunesse-là, "idéaliste mais réaliste" est l'espoir. Ayons confiance en elle.

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Nous peuple tunisien libre et souverain, ne pouvons accepter les tentatives de manipulation de la presse et désirons nous exprimer librement. Internet a été notre allié pendant la Révolution et le sera à l'aube de la démocratie. La jeunesse a un rôle déterminant dans la transition vers la démocratie et tient à montrer son attachement au dialogue et au débat.

Ce blog a comme vocation de profiter de notre liberté de parole fraîchement et chèrement acquise. Nous ne nous tairons pas, nous n’oublierons pas les sacrifiés pour que nous puissions redevenir des individus dignes. La période est charnière, il est nécessaire que le débat soit ouvert et actif. Nous voulons montrer que la jeunesse tunisienne peut être idéaliste mais réaliste, qu’elle veut chercher des vraies solutions et qu’elle a un vrai intérêt pour l’avenir de son pays.


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